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Les Concerts Bach sous le règne d’Arpád Gérecz

 

 

    Ce choix s’avéra très heureux. Arpád Gérecz, brillant violoniste et chambriste reconnu (on se souvient encore du magnifique enregistrement des Quintettes de Mozart qu’il réalisa avec Grumiaux, ainsi que du Trio hongrois, l’ensemble qu’il avait fondé avec Szolsànyi et Palotai), chef d’orchestre ayant dirigé l’OCL, l’orchestre du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles et l’Ensemble instrumental de Paris, professeur de talent, était, nous l’avons dit, un artisan de la première heure des concerts Bach.

    Il partageait pleinement les vues d’Edgar Shann, et la continuité des concerts Bach ne pouvait être assurée par meilleur artiste que lui. Arpàd Gérecz avait été nommé au début des années 70 au Conservatoire de Genève pour assumer la responsabilité de la classe de direction d’orchestre ainsi que celle de musique de chambre. Avec son ami Michel Corboz, lui aussi nommé entre temps au Conservatoire de Genève, une collaboration très fructueuse s’établit, dont profitèrent pleinement les Concerts Bach ; ce qui, faute d’argent, n’avait pas été possible du temps d’Edgar Shann, se réalisa par l’arrivée à Lutry, presque à chaque saison, de l’Orchestre et du Chœur du Conservatoire de Genève : l’exécution des grandes œuvres pour chœur et orchestre de Bach, notamment la Passion selon Saint Jean qui fut maintes fois donnée à Lutry. Comme Shann, Arpád Gérecz était lié d’amitié avec des artistes de premier plan, et ceux-ci furent mis à contribution pour la plus grande joie des auditeurs de Lutry : citons, parmi d’autres, le violoniste Arthur Grumiaux et le violoncelliste Janos Starker. Les artistes qui avaient fait la renommée de Lutry ne furent pas oubliés. Leur signature apparaît souvent dans le livre d’or de nos concerts : Christiane Jaccottet, Hans-Heinz Schneeberger, Aurèle Nicolet. L’Ensemble Bach de Lutry fut peu à peu remplacé par les « Solistes romands », un ensemble de cordes fondé et animé par Gérecz lui-même, et dans lequel on retrouvait ses fidèles amis. Cependant des noms nouveaux apparaissent : François  Guye, le violoncelle solo de l’OSR, qui donnera de nombreux concerts, les organistes Lionel Rogg,  Guy Bovet, Pierre Segond et Georges Athanasiadès. Il faut souligner aussi le fait qu’Arpád Gérecz, comme Edgar Shann l’avait fait avant lui, donna l’occasion à de jeunes enthousiastes  de venir se produire au Temple de Lutry : c’est ainsi que l’Orchestre des Collèges de Lausanne et l’Orchestre 5/7, dirigés par Jacques Pache, ainsi que le Chœur Ars Laeta, sous la direction de Robert Mermoud - dont c’était sauf erreur la dernière et émouvante présence à la tête de  l’ensemble qu’il avait fondé - donnèrent au cours des années 80 de mémorables concerts.

    Pour autant qu’on puisse en juger par le livre d’or des concerts (car malheureusement beaucoup de programmes  ont disparu), l’œuvre de Bach et de ses descendants immédiats formèrent toujours sous Arpád Gérecz le noyau dur de nos concerts, de même que l’alternance, initiée par son prédécesseur, entre musique de chambre et œuvres chorales. Comme Shann l’avait fait, Gérecz régnait en maître lors de l’établissement des programmes, et, à lui aussi, les difficultés financières ne furent pas épargnées. Il les aborda de la même manière : cachets si possible allégés, ou fournis par la radio quand les concerts pouvaient faire l’objet d’une retransmission.

    Malheureusement la mort vint mettre un terme prématuré, en 1992, à son activité. Par chance, dans l’équipe administrative, entièrement renouvelée depuis l’époque d’Edgar Shann, mais travaillant avec un dévouement semblable, la proche collaboratrice d’Arpád Gérecz, Bernadette Elöd, allait pouvoir prendre le relais


 

 


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