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Les Concerts Bach sous Bernadette Elöd

 

    Comme Arpád Gérecz, dont elle avait été l’élève, Bernadette Elöd est hongroise et violoniste. Réfugiée en Suisse avec sa famille dès son jeune âge, et ayant accompli ici l’essentiel de sa formation, aucun aspect de la vie musicale de Suisse romande ne lui est inconnu. Un des  atouts pour les Concerts Bach, dont elle allait prendre la direction artistique, était précisément sa connaissance du milieu musical. Cependant sa tâche n’était pas facile, car bien des paramètres, dans la mise sur pied de nos concerts, avaient changé et nécessitaient une adaptation, tant dans le domaine des programmes que dans le choix des artistes et des ensembles invités. Très rapidement, grâce à son  talent d’organisatrice et surtout à sa faculté de nouer et d’entretenir des relations cordiales avec les artistes, elle réussit à se constituer un réseau de connaissances et d’interprètes que plus d’un organisateur de concerts pourrait lui envier ! On peut dire qu’avec elle c’est, en plus d’une  artiste,  un imprésario qui a pris les rênes de nos concerts. Et il le fallait ! C’est que dès les années quatre-vingt-dix, les changements stylistiques et instrumentaux dans l’interprétation de la musique baroque  ont nécessité – qu’on le regrette  ou non - des interprètes de plus en plus spécialisés. Il était donc indispensable d’avoir recours à des formations spécifiques, et c’est pourquoi les noms des ensembles Camerata Köln, Musica Antiqua Köln, Il Giardino Armonico, Akademie für alte Musik Berlin, Nova Stravaganza, Stagione Frankfurt, La Capella Savaria, Le London baroque, Le Parlement de musique, l’Academia Bizantica, la Petite Bande, sont apparus sur nos programmes. Ces ensembles venant avec leur propre répertoire, bien souvent le nom de Bach était remplacé par ceux de  Telemann et de Vivaldi… Autre changement, peut-être encore plus spectaculaire : active depuis vingt-cinq ans dans l’échange culturel entre la Suisse et la Hongrie et ayant de la sorte pu assurer la promotion de nombreux artistes de ces deux pays, sa connaissance du milieu musical hongrois l’a incitée à inviter, chaque saison, un ou plusieurs ensembles ou artistes de son pays. L’église de Lutry a ainsi entendu sonner sous ses voûtes l’Orchestre de chambre de Hongrie, le Chœur de Pécs, les pianos de György Sebök, de Dénes Vàrjon, d’Andràs Schiff, le violoncelle de Miklòs Perényi, l’Orchestre de chambre Franz Liszt, le Solti Orchester Budapest, le chœur Cantemus…Il va sans dire que ces ensembles et ces artistes ne   jouent pas, eux aussi,  que du Bach, mais cela ne semble pas déplaire au public, car celui-ci est  nombreux et enthousiaste! Lors du concert qui, cette saison, sera donné en souvenir d’Edgar Shann et d’Arpàd Gérecz, on entendra même du…Mozart ! Qu’auraient pensé ces pères fondateurs ? Mais une tradition remontant aux débuts des Concerts Bach perdure dans la programmation de Bernadette : celle d’engager de jeunes artistes et des ensembles locaux ; c’est ainsi que Cedric Pescia, la Chapelle vocale de Lausanne, le chœur de la Cathédrale de Soleure et le chœur Novantiqua de Sion viennent régulièrement se produire à Lutry. Il ne faudrait pas conclure cette énumération d’artistes sans évoquer les réussites dont Bernadette Elöd est  très fière: la présence, en 1997 de György Sebök, en 1998 de Yehudi Menuhin à la tête de la Camerata Lysy, celle de Tibor Varga, venu avec ses musiciens en 1995 et d’Andràs Schiff.

       Mais ce ne serait pas rendre justice à notre directrice artistique que de passer sous silence les auditions, souvent mémorables, des œuvres de Bach qu’elle a programmées à Lutry. Sans vouloir toutes les citer, mentionnons : Les Passions selon Saint Jean (1994, 2001,2004) ; Saint Matthieu (2000) ; la Messe en si mineur (2000, 2005) ; l’Oratorio de Noël (1993, 1998, 2000) ; les Cantates 1,2,3,6,56,73, 82, 198, 199 ; l’Art de la fugue (1994,2004,2007) ; les Concertos brandebourgeois (1993, 2004) ; les Sonates et Partitas pour violon seul (2000,2004) ; les Sonates pour violon (1995) ; les Suites pour violoncelle (1991, 2001) ; le Clavecin bien tempéré (1998, 1999) ; les Variations Goldberg (2001). Les auditeurs les plus fidèles se souviendront sans doute, comme de joyaux particulièrement brillants,  le récital de György Sebök  ceux de Christiane Jaccottet et les Variations Goldberg d’Andràs Schiff.


 

 


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